Pour cette 17ème édition, Les Gets a accueilli la 3ème étape de La Grande Odyssée (LGO) Savoie Mont Blanc mardi 12 janvier 2021, offrant aux attelages ses plus beaux flocons !
Pour cette édition inédite à huis-clos, l’étape historique et très alpine des Gets s’est déroulée sur un parcours de 32 kms (2 boucles de 16km) cumulant un dénivelé positif de 1 500 m. Au départ de Gibannaz, les mushers sont montés jusqu’au col de Ranfolly à 1 650 m d’altitude, ont continué sur la route d’été du Col de Joux Plane, pour ensuite terminer sur les pistes nordiques du Golf.
A cette occasion, nous avons rencontré 2 mushers, Aurélie Delattre et Romain Da Fonseca. Ils nous parlent avec passion de leur métier et de l’incroyable complicité qui les lie à leurs chiens.
Romain Da Fonseca
D’où t’est venue l’envie de devenir musher ?
C’est un rêve depuis que je suis gamin. Il y a 12 ans, j’ai commencé à faire un peu de traineau. Quelques années plus tard, je me suis associé avec mon collègue actuel, lui en tant que musher et moi comme guide de montagne. C’est à ce moment-là que j’ai eu mes premiers chiens. Un puis deux, puis on est vite monté à 6 chiens pour atteindre un pool de 12 chiens. Aujourd’hui, je suis musher pro, c’est mon métier à plein temps. A côté des compétitions, je fais les saisons de tourisme.
La Grande Odyssée, c’est ta première grande course. Quel est ton ressenti après les deux premières étapes ?
Pour le moment, ma petite stratégie se passe bien. On est au pied du podium et les chiens sont frais. Sur une telle course, le niveau est élevé mais on s’y attendait et on s’y est préparé. Je vis dans les Pyrénées, sur un super site pour l’entrainement donc j’ai l’habitude de courir avec les chiens en montagne sur ce type de parcours assez technique.
Comment se prépare-t-on pour ce genre de course ?
Les chiens et le musher suivent un entrainement assez similaire, même si les volumes sont moins importants pour le musher. On a commencé à préparer la course cet été : on a créé des blocs de travail, comme pour des athlètes de haut niveau, avec des périodes de foncier, des phases pour accentuer la puissance, la musculation ou la vitesse, des séances de fractionné et surtout, des temps de récupération.
Romain (à droite) entame la 2ème boucle de 16 km
Quel est le secret d’une bonne relation entre un musher et ses chiens ?
Pour moi, le plus important c’est de voir grandir ses chiens et de passer beaucoup de temps avec eux. J’ai eu la chance de voir tous mes chiots grandir au quotidien. En tant que musher pro, je suis constamment avec eux, que ce soit pour m’amuser, pour travailler ou pour faire des courses. Tous mes chiens ont leurs particularités, je les connais par cœur, et vice versa. Et à l’image des athlètes professionnels, ils reçoivent une attention particulière et sont vraiment chouchoutés (bien plus que nous 😉 )
As-tu un geste porte bonheur avant une course ?
On a un leitmotiv dans l’équipe : on se met la pression à l’automne de sorte à évacuer tout le stress avant et arriver le plus détendu possible sur la course. On est là pour s’amuser, pour prendre du plaisir et c’est ce qu’on veut transmettre à nos chiens.
Aurélie Delattre
Pourquoi es-tu devenue musher ?
Quand j’étais petite, je raffolais des épopées dans le grand blanc et des histoires de chiens de traineaux. Pendant mes études de vétérinaire, j’ai eu l’opportunité d’intégrer l’équipe de LGO en tant qu’étudiante véto. J’ai adoré l’ambiance de la course, le fait de passer de village en village mais j’étais un peu frustrée de ne pas bien connaitre le chien de sport. Pour être musher, il faut se renseigner sur tout : l’entrainement, la nutrition, les soins…
L’année suivante, je suis revenue à LGO en tant que handler dans la team de Rémy Coste. Le handler, c’est la personne qui aide aux soins, qui fait les massages, qui nourrit, qui attèle les chiens. La suite… Vous la connaissez 😉
Aujourd’hui, je commence une formation d’osthéopathe-vétérinaire afin d’être capable de voir et de régler moi-même tous les petits blocages qui peuvent survenir chez les chiens lors des entrainements ou pendant une course.
Tu vis en Laponie avec ton compagnon. Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?
Rémy et moi n’avions pas vraiment d’attache en France et on s’est dit « Allez, on part vivre en Laponie » afin de faire le maximum pour nos chiens : environnement plus adapté, entrainement à l’année, bien-être animal…
Par exemple, on leur a appris à courir derrière nous. On est à vélo, ils se placent derrière nous et on parcourt 30-40km en forêt. Ce n’est pas quelque chose qu’on pourrait faire facilement en France. Ici on peut les entrainer sur neige beaucoup plus tôt car on a de la neige à partir de décembre. C’est un vrai plus pour l’éducation des chiens, l’entrainement et les résultats.
Est-ce un avantage d’être une femme sur ce genre de course ?
Sur une compétition comme LGO où il y a beaucoup de dénivelé, pas nécessairement. Pour les étapes de montagne, c’est un avantage d’être un homme car ils ont plus de puissance en montée et du fait d’être plus lourds, ils freinent plus facilement en descente.
Pour des formats de course plus plats, ce serait un avantage d’être une femme car les chiens ont moins à porter.
Qu’est-ce qui caractérise cette étape aux Gets ?
C’est une étape assez technique. Il y a de grosses montées/descentes, le parcours comprend aussi des “S” un peu compliqués, ce qui demande beaucoup d’efforts aux chiens et au musher. De plus, lors de ma 1e participation à LGO, c’est la 1e fois où j’ai fait une grosse chute donc je la retiens un peu (Rires).
As-tu un geste porte bonheur avant une course ?
Je passe voir tous les chiens tranquillement. Je les rassure, leur dis que c’est bien ce qu’ils font, que tout va bien se passer. Je prends le temps de les caresser et de leur faire un bisou.
Aurélie avec ses 2 chiens de tête, des Scandinavian Hounds, une race est issue de croisements entre des Alaskans Huskies et des chiens de chasse.