Souvent méconnu du grand public, le métier de pisteur-secouriste, héros discret de la station, assure en permanence la sécurité de tous les skieurs. Nous avons rencontré Stephen, pisteur-secouriste aux Gets depuis 2005 pour partager avec vous les coulisses du domaine skiable.
Parle-nous un petit peu de toi.
Stephen : Moi, c’est Stephen, originaire de la région d’Annecy. Depuis tout petit, j’ai été en contact avec les montagnes, c’est ce qui a dû créer ma passion pour les sports d’hiver. Dès l’âge de 16 ans, j’ai commencé à arpenter les pistes, d’abord en tant que stagiaire. C’est là que ma carrière de pisteur-secouriste a véritablement commencé. J’ai passé mon premier diplôme, le premier degré de pisteur-secouriste, en 2007. Et après je n’ai plus quitté ce métier, j’ai toujours été pisteur (rire).
Je me suis installé aux Gets en 2005 et je ne suis plus jamais reparti. Actuellement, je travaille en tant qu’adjoint sur le secteur des Chavannes, avec une équipe de six personnes.
En quoi consiste ton métier ?
Stephen : Le métier de pisteur-secouriste, c’est avant tout la sécurisation du domaine skiable. Environ 80% de notre travail est consacré à cette tâche cruciale. Cela implique la mise en place de dispositifs de sécurité sur les pistes, comme les banderoles ou les jalons pour assurer la protection des skieurs et des snowboarders. Nous intervenons également dans les secours aux personnes, ce qui représente environ 20% de notre activité. Cela inclut aussi l’accueil, les renseignements et les conseils dispensés aux skieurs, en particulier aux scolaires.
Aux Gets, nous sommes environ 15 pisteurs par jour, répartis selon les besoins de chaque secteur. Nous avons un planning d’ouverture des pistes, où chacun se voit assigner une tâche spécifique chaque matin. La communication est essentielle dans notre travail, que ce soit par radio, téléphone ou simplement en échangeant sur le terrain.
Comment devient-on pisteur ?
Stephen : Le premier pas consiste à obtenir le Brevet National de Pisteur Secouriste (BNPS), un diplôme reconnu qui se décline en plusieurs degrés. Il y a le premier, deuxième et troisième degré. Chaque degré dispense une formation différente, complétant la précédente.
Pour obtenir le premier degré, il faut suivre une formation initiale qui comprend à la fois des aspects théoriques et pratiques, notamment en secourisme. Cette formation, qui durait trois semaines à l’époque, s’est étendue à cinq semaines de nos jours. En effet, au fil des années, le contenu de la formation s’est élargi pour inclure une préparation plus complète aux différents aspects du métier de pisteur, allant au-delà des seules compétences en secourisme.
Pour avoir choisi le métier de pisteur-secouriste ?
Stephen : Depuis mon enfance, le ski est ma passion. Et c’est cette passion qui m’a guidée vers le métier de pisteur secouriste. C’est un métier qui est assez motivant, chaque matin, quand j’arrive, je ne sais jamais ce qui va se passer. Il y a des choses qui sont routinières, mais il n’y a pas une journée pareille. La journée type existe, mais il peut y avoir un accident ou une avalanche par exemple qui fait qu’elle sera différente. Chaque jour est une nouvelle aventure !
La journée type d’un pisteur c’est quoi ?
Stephen : Chaque journée commence par l’ouverture des pistes, une étape cruciale où nous vérifions que tout est en place et sécurisé. Nous commençons généralement entre 8h et 8h30. Notre première mission est de contrôler tous les équipements sur les pistes, installer les banderoles de ralentissement, inspecter les matelas de sécurité et vérifier les jalons. Ensuite, nous passons à des tâches d’entretien plus conséquentes, surtout lorsque la neige est de la partie. Cela implique de relever les matelas, de réajuster les filets enfouis sous la neige, et de nous préparer à d’éventuelles interventions de secours. En effet, les accidents surviennent souvent vers 11h le matin, lorsque la fatigue commence à se faire sentir, ou en fin de journée, vers 15h/16h. Le reste de la journée est consacré à la patrouille sur les pistes. Nous parcourons les différents secteurs, effectuons des remises en état si nécessaire, et veillons à ce que tout soit en ordre. En fin de journée, nous procédons à la fermeture des pistes pour rapatrier les skieurs en bas. Cela implique aussi le retrait des banderoles, bien que parfois nous devons également enlever les jalons, selon les besoins du service de damage.
Pour toi, quels sont les avantages et les inconvénients de ton métier ?
Stephen : Pour moi, l’un des principaux avantages de ce métier, c’est la liberté qu’il offre. Nous avons la possibilité de nous organiser par nous-mêmes. Et puis, que dire ? Le cadre de travail est plutôt chouette (rire).
Sinon, c’est un métier qui est assez physique et qui demande une certaine endurance, surtout lorsqu’il s’agit de secourir des personnes blessées sur les pistes. C’est un travail par tous temps, c’est top quand il y a le soleil, mais dès qu’il fait mauvais, c’est tout de suite moins agréable…
Et puis comme je le disais tout à l’heure, il n’y a pas de routine. Les journées ne se ressemblent jamais, c’est ce qui rend ce métier si passionnant.
Que fais-tu à la saison estivale ?
Stephen : À la saison estivale, mon travail se poursuit sur les pistes. Depuis l’été 2015, je travaille à l’année aux pistes. L’été est principalement consacré à l’entretien du domaine : travaux de terrassement, ajustements sur les pistes, installations de filets fixes… Puis l’automne est une période intense en préparation pour l’hiver, qui est très physique ! Il faut remettre en état tout le matériel et les équipements, en installant notamment les matelas de sécurité et en réalisant les dernières vérifications nécessaires avant l’ouverture de la saison hivernale.
Un pisteur-secouriste, il emmène quoi toujours avec lui ?
Stephen : Évidemment des skis (rire). Puis ma radio, bien sûr. Sans oublier le sac de secours et le DVA (détecteur de victimes d’avalanches). Et sinon moi j’ai toujours mon marteau pour planter les jalons !
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à ceux qui souhaitent être pisteur-secouriste ?
Stephen : Il faut que ce soit, avant tout, quelque chose qui les passionne, ce métier demande un engagement total. Ouvrir une piste n’est pas une simple formalité ; cela implique une lourde responsabilité. Une fois que ta piste est ouverte, tu dois être sûr qu’elle soit sécurisée, notamment pour assurer la sécurité des personnes.
Et même sur un secours, il faut savoir faire les bons gestes, savoir prendre le bon matériel en fonction de l’accident, mais surtout prendre les bonnes décisions pour ne pas passer à côté de quelque chose.
Être pisteur-secouriste, c’est une vocation : même si je ne travaille pas, si je suis sur les pistes avec ma famille et qu’il y a un accident, je vais participer au secours. Si je vois des jalons qui sont mal mis, je vais les replanter. C’est un peu comme une déformation professionnelle (rire), on fait toujours attention même si c’est notre jour de congé !
Un conseil à donner aux skieurs pour assurer leur sécurité ?
Stephen : Je leur recommanderais tout d’abord de veiller à avoir de bonnes conditions physiques. Il est essentiel d’être en forme pour pratiquer ce sport en toute sécurité.
Il est aussi important d’être attentif aux autres skieurs autour de soi. Souvent, les skieurs sont concentrés sur leur propre descente et ne prêtent pas attention à leur environnement. Il faut donc rester vigilant et respecter les autres usagers des pistes !
Tout comme sur la route, il faut prendre en compte la présence des autres skieurs, la signalétique et la réglementation sur les pistes. Ce n’est pas là simplement pour décorer, mais pour prévenir les accidents et assurer la sécurité de tous !